… mais « juste » un très bon album ? « UMLA » est pour beaucoup le projet de 2018. On y trouve un Alpha Wann crachant du feu, mais la température est peut-être trop montée à la tête de certains fans qui jugent l’album comme un classique du rap français.
Avant d’entamer la lecture, bien sûr, ceci n’est que mon avis personnel. Je ne dispose pas du savoir absolu. Vous avez légitimement le droit de penser le contraire et d’avoir votre propre opinion.

Mise au point
« UMLA » est un très bon album. Avant que vous vous offusquiez sur Twitter, je ne dénigre pas le talent d’Alpha et encore moins la qualité de ce projet. Il se place facilement dans le top 3 des albums de 2018.
On ne va pas rappeler les points forts d’Alpha Wann, ils sont maintenant connus de tous. Malheureusement, l’album a des points faibles. Et pourtant, chaque jour sur les réseaux sociaux, nous pouvons voir des tweets de ce genre :

Il faut comprendre que nous mettons Don Dada face à la crème de la crème. Bien sûr que Van Persie était un grand attaquant et plus fort que Cheick Diabaté, mais avait-il le niveau d’un Andriy Shevchenko ? Oui, « UMLA » est meilleur que 90 % (source : Midi-Minuit) des projets sortis dans le rap français, mais est-il meilleur que le dernier pourcentage restant ?
Je mets fin au suspense directement : non, pour moi, « UMLA » n’est pas un classique. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Les points faibles de l’album
Selon moi, un album classique est : soit un game-changer (comme ont pu l’être « Première consultation », « Mauvais Œil », « Or Noir »…), soit un album dit « parfait », faisant l’unanimité. Bien sûr, d’autres critères rentrent en compte, mais nous allons nous concentrer sur ces 2 points.
Soyons honnêtes, le Don n’a pas changé le visage du rap français avec son album. Il fait même plutôt office d’ovni face aux blockbusters commerciaux de Ninho ou Jul pour ne citer qu’eux. La première raison est simple. Énormément de rappeurs ne peuvent pas rapper comme Alpha, c’est une réalité. La seconde raison est que le style d’Alpha Wann offre peu de « replay value ». On prend notre claque, une suivante jusqu’au KO. Et après ? On réécoute avec plaisir certains morceaux, mais il est rare de n’écouter qu’Alpha Wann une après-midi. « UMLA » est un sniper, nous touchant à coup sûr. Après avoir dévoilé sa position, il perd toutefois en efficacité. Les morceaux introspectifs marchent moins, et la forme est souvent privilégiée au fond, pouvant rendre l’album ennuyeux à la longue.

Alpha Wann nous a réservé de jolies surprises dans l’album. Don Dada semble bien armé pour affronter n’importe qui au Goulag. Parfois, l’arme doit recharger, le dragon respirer, le savon se frotter. Oui, il y a des morceaux moyens dans l’album. Moyen ne signifie pas inécoutable, certes. Il y a un monde entre « CONTREX » et « POUR CELLES », une différence entre le couplet de Sneazzy et celui d’Infinit‘. On sent aussi une redondance dans le projet au niveau stylistique qui peut lasser si on réécoute l’album de A à Z. Si « UMLA » est un classique, pourquoi si peu d’engouement pour « Ma vie est un film II » , dernier projet d’Infinit’ ? Pour nous, amoureux du rap, nous sommes si heureux de voir « le dernier rappeur rapper » qu’on surestime sûrement l’album.
Il est tout simplement trop tôt pour le faire rentrer au panthéon. Il n’a que 2 ans d’existence. Prenons le temps de le savourer avant de parler de classique.
Une mauvaise interprétation d’UMLA
Le terme « classique », à force d’être utilisé, devient édulcoré. « Les classiques, c’est chacun les siens » et on peut comprendre que bon nombre d’entre vous le pensent. Cependant, « UMLA » n’est pas un album référence. Personne n’a fait un album (pour l’instant) à l’Alpha Wann. L’album a pour le moment peu d’impact sur les rappeurs.
« Une main lave l’autre » ressemble plus à l’aboutissement d’une école, celle de l’Entourage. Depuis le début des années 2010, le collectif tente (ou tentait) d’être le plus technique possible, d’avoir le meilleur flow, la meilleure plume. « UMLA » est le projet ultime du groupe, la synthèse d’un mouvement ayant pris racine il y a 10 ans. De là à rentrer dans le cercle très fermé des meilleurs projets de tous les temps ? Rien n’est moins sûr.
On dit souvent qu’un album classique doit remplir des critères commerciaux. Malgré de bons résultats pour un album très peu formaté à la radio et pour un artiste de l’envergure d’Alpha Wann, le projet n’est pas un succès sur ce point.
« Une main lave l’autre » est la fin d’un chapitre, celui de l’Entourage. Mais aussi un très gros album, et même un album important des années 2010. Il reste cependant un cran en dessous pour les raisons évoquées plus haut.

Soyez patient, le meilleur arrive
Alpha Wann n’a pas toujours été le maître cracheur de feu. À ses débuts, il n’avait pas encore le niveau et n’était pas considéré comme ce crack national.
Après le fiasco du Rap Contenders, quelques mauvais projets d’groupe, j’avais honte de retourner au tiekson.
CASCADE
Le rappeur est un Côte du Rhône, un grand cru qui vieillit bien. Les « Alph Lauren » font figure de salle du temps où le Don progresse sans cesse. « UMLA » est sa forme la plus évoluée, la consécration de son art et de la technique.
Pourtant, en 2019/2020, Alpha Wann est encore passé un cran au-dessus, sûrement atteint de l’ultra instinct. Toutes ses prestations sont, soit au niveau de l’album, soit meilleures. On écoute – et pour ma part pour la « première » fois – réécoute ses couplets avec plaisir.
Très peu probable que je tape un platine, faut que j’fasse un classique
Stupéfiant et noir
Et si finalement, Alpha Wann en 2021 ne pouvait pas combiner ces 2 points ? « UMLA » n’est pas un classique, mais Alpha Wann a les cartes en main pour, dans le futur, nous en proposer un.