On a fait un tour de métro avec Carson. L’occasion de discuter de « Falconia », tonton Rim’k et de son futur. Prenez votre ticket et pensez à le valider.
1863 : Salut Carson, contrôle oblige, présentes-toi.
Alors moi c’est Carson, rappeur d’Orly dans le 94. Je me suis lancé officiellement dans le rap en 2018 avec mon premier son « Neptvne ».
Ton trajet a débuté avec « Falconia ». Tu peux nous parler un peu du projet ?
Mon EP « Falconia » c’est mon premier projet. Après la sortie de « Neptvne » et 4 autres morceaux, il y a eu un petit engouement qui s’est créé autour de moi. On me demandait de sortir un projet. Du coup, je me suis attelé à l’écriture de « Falconia » (ce nom vient de mon manga préféré, Berserk). Dès le début de la préparation du projet, j’ai été approché par une légende du rap français, le producteur Madizm via Djibril de M16 Masqué. Il m’a dit qu’il avait apprécié mes sons et qu’il aimerait travailler avec moi. J’étais honoré, j’ai évidemment accepté. On s’est immédiatement mis au travail et quelques mois plus tard le projet était terminé.
Pour toi, sur quel morceau faut-il absolument s’arrêter ?
Le son qui me définit le mieux; c’est « Neptvne ». J’ai tout fait dedans, l’instru, les mélodies, les paroles. C’est un peu mon son phare, il me représente à 100%.
Tu dis « Je suis l’enfant de la Mafia K1 Fry ». Que trouvait-on dans ta playlist quand tu prenais le métro ?
Dans mon MP3, quand j’allais voir des meufs via le métro, ça allait de Mobb Deep à G-Unit, 213, Slum Village. Mais surtout Mafia K1 Fry et un son en particulier, le remix de « Ce son c’est la guerre » de Rohff avec plusieurs instrus dont « Burn » de Mobb Deep. Je me revois en train d’écouter ça en boucle dans le métro 4.
En 2020, comment crée-t-on un album ?
Je ne crois même pas que ça soit encore important d’en faire un en 2020. Mais, pour moi, ça l’est et ça le restera. La plupart des autres rappeurs font des compilations de 20 sons plutôt que de vrais albums. Pour moi, un album c’est une histoire, un film, il faut avoir un fil directeur. Je prends ça très à cœur, un peu comme « Good Kid Maad City » de Kendrick Lamar, ou « Ready To Die » de The Notorious Big.
Tu as eu de la chance de monter dans le wagon de Rim’k. Explique-nous comment s’est faite la connexion.
La connexion avec tonton Rim’K s’est faite juste un peu avant la sortie de « Neptvne ». On s’est croisés dans un endroit très familial. On a discuté un peu et il m’a follow sur Twitter. De mon côté, je me suis concentré sur la sortie de mon premier morceau. Contre toute attente, il a suivi la sortie du son, il l’a écouté plusieurs fois et m’a dit qu’il aimait beaucoup. J’étais super heureux de voir mon travail validé par un de mes « héros » d’enfance. Ensuite, je me suis connecté à Madizm et ça s’est encore mieux passé vu qu’ils se connaissaient tous les deux. Le son « 183 » en featuring avec lui a été créé en une session studio mémorable et pleine de rires, le jour de mon anniversaire, tout un symbole.
Sur Twitter ou même sur ton projet, on a l’impression que tu crois être délaissé du milieu rap. Tu trouves que le monde du rap français n’est pas sur les bons rails ?
Non, ce n’est pas que je me trouve délaissé, c’est juste qu’au début, j’étais naïf. Je me disais « Ok, j’ai fait un premier projet énervé, pas un son à jeter, il y’a forcément un grand média rap qui va se pencher sur mon cas et parler de moi ». C’était là mon erreur, ce n’est pas la bonne musique qui les intéressait, mais le buzz et le nombre de streams. Ça m’a laissé un peu amer sur le coup mais je me suis vite repris. Donc non pas délaissé, juste un peu plus réaliste sur l’industrie du rap.
Je suis déjà sur mon prochain EP
On sent que tu as envie de quitter la monotonie du métro parisien, que vises-tu pour la suite ?
Je suis déjà sur mon prochain EP même si le premier est sorti il y’a deux mois. Je vais charbonner fort, donner de la qualité en quantité. Déjà « Falconia » a permis de me faire un petit nom, je vais en profiter.
« Falconia » change souvent de ligne, allant de style en style. Finalement, le style de Carson, c’est quoi ?
C’est vrai que j’ai voulu montrer que je savais tout faire et mieux que mes collègues. C’est pour ça que « Falconia » est éclectique. Mais mon cœur de métier, c’est vraiment les sons comme « Neptvne », « Bodie », « Crenshaw ». C’est ma marque de fabrique, même si je ne m’interdis pas de faire que ça. Il faut varier, je ne peux pas proposer la même chose comme d’autres rappeurs le font. Éclectique mais homogène, c’est comme ça que je définis mon projet.
Carson c’est aussi des punchlines qui sautent au yeux. De Hamza à Lomepal en passant par Angèle notamment, tu n’hésites pas à « tirer » sur les autres rappeurs. Tu n’as pas peur d’avoir des problèmes ?
Non ce n’est pas méchant ça ! C’est vraiment des petits croche-pattes plus marrants que méchants. Je n’ai insulté personne, manqué de respect à la daronne de personne, ça reste bon enfant. Je perpétue la tradition d’Eminem que j’aime beaucoup. Il était très comme ça lui, toujours à faire des blagues sur les autres dans ses sons. C’est pour détendre un peu l’atmosphère.
Le métro de Paris a été influencé par l’art nouveau. Et toi, quelles sont tes influences ?
Big L, Snoop, Eminem, Kendrick Lamar, Wu Tang, 50 Cent. C’est à ça que je me butais. En rap US, Lil Wayne aussi, Slum Village et J Dilla sont des grosses influences aussi, et surtout Nate Dogg.
Après Rim’k, qui fera le trajet en ta compagnie ?
Je ne sais pas encore. J’ai voulu faire Rim’K parce que c’est un de mes modèles dans le rap, mais à part quelques uns, je n’ai pas trop envie de me mélanger à tout le monde. Hormis pour leur montrer que je rappe mieux qu’eux .
Petite fraude au rap : écoutes-tu des artistes issus d’un genre musical différent ?
J’écoute plein de choses différentes. J’aime beaucoup le RnB des années 90, la funk qui m’a beaucoup inspiré pour les refrains. Le jazz énormément aussi, notamment « Blue in Green » de Miles Davis, la house french touch du début des années 2000 également et un peu de rock comme Gorillaz.
On arrive à quai, tu as envie de rajouter un mot ?
Je vous souhaite longue vie en tant que média. J’ai bien aimé votre concept avec le métro, ça change des autres interviews. Longue vie à nous et allez acheter « Falconia » !