Le label Blakkclout, représentant de la trap brésilienne

Dans l’univers hip-hop, le Brésil a toujours été une référence, le rap français ne dérogeant pas à la règle. Tout d’abord, par la culture très forte des gangs qui a beaucoup inspiré les rappeurs. Elle fut même portée à l’international par le film « La cité de Dieu » dont tous les personnages sont devenus cultissimes. On ne compte plus les références à ces derniers, que ce soit Buscapé qui donnera le nom au média Booska-P, ou encore Manu le Coq, Ze Pequeno et Dadinho.

La culture rap brésilienne n’a que très rarement passé l’Atlantique. Elle se réduit généralement à quelques sons reggaeton destinés à faire bouger les clubs. Dernièrement, les sonorités de funk brésilienne se sont retrouvées de plus en plus utilisées par les producteurs : S2keyz avec « Dis moi oui » de PLK ou « Non Stop » de Sneazzy produit par Ls30 et Remed. Toutefois, ces inspirations brésiliennes étaient sans réel rapport avec le rap brésilien.

Récemment, ce sont les rappeurs du label Blakkclout, filiale de la maison de disque Blakkstar, qui ont suscité notre intérêt pour ces représentants d’un rap d’une autre culture outre-Atlantique. C’est par une trap agressive, puissante et à l’opposé des sonorités brésiliennes plus clichées auxquelles on pourrait être habitué que les membres de Blakkclout ont réussi à créer un véritable engouement auprès du public. Composé entre autres de NGC Borges et du groupe 2Bullet comptant dans ses rangs NGC Flacko, NGC Thoney et le producteur BigJow, le label cumule les vues, en atteste le morceau « AK DO FLAMENGO » et ses 21 millions de vues.

Les membres de Blakkclout se présentent comme une bande de jeunes brésiliens originaires de Rio de Janeiro. Équipés le plus souvent de leur kalachnikov customisée, ils paradent au milieu des favelas comme des poissons dans l’eau. On peut leur reprocher d’être musicalement très proches de ce qui peut se faire aujourd’hui sur la scène américaine. Mais il ne faut pas nier leur apport. Par la langue et leur code, ils amènent un nouvel aspect de la culture trap. A travers leurs clips, ils inondent leurs sons d’une énergie street, violente, réelle et assez unique en son genre le tout dans un Rio délabré.

Par ailleurs, il faut rappeler que, là où la trap est actuellement le courant musical dominant dans le paysage musical français, elle est encore très peu présente au Brésil. Le pays est habitué à une variété brésilienne qui s’exporte peu en France. Ces derniers années, Michel Teló est l’un des rares artistes brésiliens ayant atteint l’Hexagone. Les titres rap connaissant un succès commercial sont plutôt des morceaux joués en club faits pour danser que des réels bangers.

Cependant, BlakkClout n’est pas le seul pilier de ce mouvement au Brésil. Des artistes comme Derek ou Jé Santiago se sont également faits une place avec un rap plus autotuné, moins street, mais tout aussi efficace. Récemment, Derek a lui sorti un album dans lequel figurent l’Américain A$AP Ant, membre du A$AP Mob ainsi que plusieurs artistes brésiliens. Quant à Jé Santiago, il a publié un EP de 7 titres en février dernier où l’on peut retrouver un morceau avec Derek. 

Après la montée en puissance des rappeurs issus du bassin méditerranéen (Maroc, Italie, Espagne) sur la scène rap internationale, il fait plaisir de voir que le phénomène ne cesse de s’amplifier et semble s’exporter au-delà.

By : Fernand Le Roux @Tourflr

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