GOLDEN TICKET : RAP US

De « The WIZRD » de Future au dernier « JACKBOYS » du label de Travis Scott, le rap US a vécu une année 2019, une nouvelle fois, riche en projets variés. Aujourd’hui, pour parler de ce qui a fait 2019, on s’est entourés du média WRLD RAP, des spécialistes du rap anglophone Moggopoly et de la talentueuse graphiste Je97s. Retour sur le dernier chapitre de la décennie durant lequel les artistes dits« underground » se sont notamment mis en avant.

Avant de commencer…

Petit rappel avant d’attaquer le vif du sujet. Nous n’avons pas la sainte parole et ce ne sont que nos choix, libre à vous de poster les vôtres. Il n’y a ni de bon ou de mauvais classement, juste une perception de la musique différente.

Voici les catégories sur lesquelles nous avons débattues :

  • Album de l’année
  • Clip de l’année
  • Artiste de l’année
  • Cover de l’année
  • Révélation de l’année
  • Choix de la rédac’

WRLD RAP – @forthewrldrap

  • Album de l’année : « The Lost Boy » – YBN Cordae

On attendait fort cet album, on savait que YBN Cordae avait un gros potentiel à exploiter et on n’a vraiment pas été déçu. Cordae est resté fidèle à son image avec des paroles sincères. Il s’ouvre entièrement pour s’adresser à ses démons du passé afin de mettre ça de côté et laisser place à sa nouvelle carrière naissante. Le duo avec Anderson .Paak, « RNP », est LE son de l’album. On ressent la cohésion et la passion des deux rappeurs, ce qui donne un rendu incroyable. Et le beat est extraordinaire, merci J.Cole pour les travaux. Bref, avec cet album émotionnel et ambitieux, on lui souhaite de remporter ce Grammy mérité.

  • Clip de l’année : « Floor Seats » – A$AP Ferg 

Avant tout, ça nous fait mal de ne pas sélectionner Cole Bennett pour ce titre alors que c’est l’un des meilleurs réalisateurs de sa génération, mais le coup de cœur l’emporte sur la raison… Bien que « Dangerous » de Schoolboy Q en featuring avec Kid Cudi ait mis la barre haute grâce au storytelling et l’incroyable réalisation, AWGE l’a mise encore plus haute grâce à notre français Valentin Petit qui à dirigé l’incroyable « Floor Seats » de A$AP Ferg qui met en valeur la culture de New York. Ce clip, c’est trop à tous les niveaux. Le sound design est excellent, la colorimétrie, la post production, les plans, les transitions et les idées sont juste incroyables mec. Faut aller le voir pour le comprendre mais vous retrouverez l’influence de ce clip sur certains rappeurs français, que ce soit par rapport au sound design, l’utilisation des photos dans les clips ou encore les plans qui font penser au clip « Popopop » de Gambi (s/o REC 118 pour l’incroyable travail et l’exploitation artistique de ses rappeurs ça fait du bien au rap français).

  • Cover de l’année : « Death Race To Love » – Juice Wrld 

Juste pour la 3D et la manière dont elle a été utilisée, la référence au film Death Race qui a été super bien imprégnée dans la cover sans que ça soit surchargé, puis le rendu final qui fait penser à une ancienne pochette de jeu vidéo, c’est va-li-dé. Les détails travaillés sur le crane, les flammes réalistes sans trop l’être,la fumée, et enfin le fait d’utiliser Juice WRLD comme s’il avait une emprise sur ce qui se passer… C’est juste extraordinaire sérieux.

  • Révélation de l’année :  DaBaby 

En une année ? Son premier gros tube « Suge » en juin 2017, sa participation au XXL, énormément de feats avec des gros noms tels que les Migos, Post Malone, Rich The Kid, etc. Son album « KIRK » vendu à plus de 145 000 exemplaires en première semaine et classé numéro 1 au Billboard 200. Dababy est LA révélation de l’année, un nouveau qui dépasse Young Thug, Future, DJ Khaled ou même Juice WRLD en matière de ventes. Incroyable année pour un rappeur dont vous n’avez pas fini d’entendre parler. Sa direction artistique excellemment travaillée devrait lui réserver un bel avenir. Ah oui, il a aussi fait un show en FaceTime alors que son avion était bloqué… Comment ne pas l’aimer ? 

  • Le choix de la rédac’ : Camp Gnaw Flog 

Le « scandale » de la fin d’année, c’est les fans de Tyler The Creator qui, malgré lui,ont hué l’invité surprise Drake au Camp Gnaw Flog Festival… pour la simple raison qu’il s’attendait à une performance de Frank Ocean sans savoir que les performances de celui-ci se font rares. Le lendemain, Tyler The Creator a su réagir à la Tyler, à vrai dire en montrant à quel point il était gêné d’avoir des fans comme ça, et on le comprend. Quant à Drake, il a pris ça comme une leçon d’humilité, mais on se rassure en se disant que Tyler a quand même pu profiter du passage de Drake, vu les vidéos qui ont fait surface.

Moggopoly – @moggopoly

  • Album de l’année : « Brandon Banks » – Maxo Kream

Certains l’avaient oublié, mais Houston a toujours eu une place importante dans le rap américain. Pour plusieurs raisons. Mais l’une d’entre elles, qui est rarement citée, est qu’elle pullule de lyricistes, ou d’amoureux du texte, choisissez l’expression qui vous plaira. De Scarface à Z-Ro, en passant par K-Rino ou Fat Pat, le public a toujours été servi en rappeurs qui parlaient de leur quotidien et de ce qu’ils ressentaient. Au point d’être vu comme des reporters ou des psychanalystes, ce qui créer une proximité entre eux. Et Maxo Kream n’est pas là pour changer quoi que ce soit. « Brandon Banks », qui est le nom de son père, est un album où l’on plonge directement dans la vie de Maxo et des difficultés qu’il rencontre. Il y parle de sa famille (en particulier de son père), pour la plupart qui sont dans le hustle, de ses amis (idem) qui sont en prison et qu’il aide, de son rapport avec les femmes, d’argent, de vente de drogue, la rue, mais sans aucune pudeur. Il dit tout au détail prêt. Pour en savoir plus, on vous recommande la video de Mugen à ce sujet :

  • Clip de l’année : « Disco Shit » 03 Greedo & Kenny Beats (feat. Freddie Gibbs)

Extrait du projet « Netflix and Deal » d’03 Greedo et Kenny Beats, « Disco Shit » est la fusion entre les films BLOW (qui est l’un des films préférés de Greedo) et Wallace & Gromit (ou n’importe quel film de Peter Lord) dans le genre animation en pattes à modeler. Et que dire entre l’entrée de Greedo (« Met the plug, and his wife had sex with me, George Jung in the 1970’s ») et la voix et le flow que prend Freddie Gibbs dans son couplet, totalement méconnaissable ?

  • Artiste de l’année : Benny The Butcher

New York n’est pas mort. On nous l’a montré à plusieurs reprises. Mais cette année, plusieurs acteurs de la Grosse Pomme n’ont cessé de nous le rappeler. En particulier GRISELDA RECORDS. Mais ici, on va braquer notre microscope sur le membre de l’équipe qui a fait le plus parler de lui en 2019 : Benny The Butcher. Il n’a suffi que de 3 projets en 2018 et 1 autre en 2019 (« The Plugs I Met ») pour convaincre Jay-Z de le signer chez Roc Nation. Il a ensuite enchaîné un EP en commun avec Smoke DZA, « Statue of Limitations », et un autre projet excellentissime avec ses frères d’armes Conway et WestSide Gunn. Ne parlons même pas de ses apparitions dans l’album de Dark Lo ou d’El Camino, où il fait preuve d’une violence inouïe dans les propos. Il est donc à suivre dans les prochaines années. 

  • Cover de l’année : « Born 2 Rap »The Game

Le vétéran de Compton, descendant des NWA comme il aime le répéter, a sorti son ultime album cette année, appelé « BORN 2 RAP ». Et quelle cover !!! Un studio d’enregistrement où on y trouve 9 femmes enceintes (dont une est sur la console) et Game sur le coté en train de gribouiller sûrement des rimes où il déclare son amour (#NoHomo) à Dr. Dre pour la énième fois.

  • Révélation de l’année : Pop Smoke

Une personne dans les commentaires Youtube disait que Pop Smoke est l’inverse de 21 Savage, c’est-à-dire qu’on se demande en l’écoutant s’il n’est pas anglais alors qu’il est bel et bien américain. Brooklynois, pour être précis. Ce rappeur d’à peine 20 ans a sorti l’un des EP les plus importants de cette année. Et la particularité de celle-ci est que les productions sont pratiquement calquées sur la Drill UK, qui elle -même vient à la base des Etats-Unis, de Chicago en vrai. L’autre point fort de ce rappeur est sa voix grave, ténébreuse, qui rappelle Trae Tha Truth époque « Restless »/ »Life Goes On », en y ajoutant des lyrics très rue, bas du front. Tout ce qu’on affectionne particulièrement quand on parle du rap de New-York.

Jess – @je97s

  • Album de l’année : « Mirroland« EARTHGANG

Mirroland est le projet US qui m’a le plus touché musicalement parlant. Je ne m’étais pas tellement intéressé à eux au début, mais là je dois dire que j’ai pris une claque ! C’est sans hésitation le projet le plus diversifié et original que j’ai entendu cette année. 

  • Clip de l’année : « Speedboat » – Denzel Curry

C’est sans doute le clip qui m’a le plus marqué visuellement. J’aime beaucoup ce banger de base, mais le clip est carrément hallucinant qu’il me fait penser à une bande annonce de film, incroyable. 

  • Artiste de l’année : Juice WRLD

Juice WRLD est sûrement l’artiste qui s’est le plus démarqué cette année avec son projet « Death Race For Love » que j’ai trouvé surprenant. Je trouve qu’il a amené une nouvelle vibe qui est propre à lui.

  • Cover de l’année : « Escape From New-York » – Beast Coast

Peu de covers m’ont marqué cette année dans le rap US, mais j’ai aimé celle de Beast Coast, avec les couleurs, le petit rappel à Capital Steez sur la chaîne et surtout soleil en background (R.I.P STEELO).

  • Révélation de l’année : YBN Cordae

À 22 ans seulement, YBN Cordae a mis tout le monde d’accord avec son album « The Lost Boy », qui est excellent. Il nous sort un projet très bien construit aux côtés de rappeurs comme Anderson Paak ou encore Pusha-T. Je me réjouis de voir son évolution.

1863

  • Album de l’année : « Drip Or Drown 2 » – Gunna 

Après une forte ascension ponctuée par un projet solo puis en commun avec Lil Baby, et des présences notables sur « Astroworld » et « Not All Heroes Wear Capes », le protégé de Young Thug est revenu tôt dans l’année, en février. Pourtant, en dépit d’une forte concurrence (« Igor », « The Lost Boy », « So Much Fun », etc), la suite de « Drip or Drown » se construit sur un univers drip et aquatique très marqué. Dans la musicalité, les productions de Turbo et Wheezy sont d’une grande qualité comme la somptueuse mélodie japonaise sur « Who You Foolin ». Les feats sont très pertinents et Gunna parvient à prendre des risques payants, à l’image de ses flows découpés sur « IDK WHY » et de sa progression sur les vocales. Toujours aussi à l’aise et affûté sur les mélodies entêtantes, Gunna tire réellement son épingle du jeu. De plus, la replay value du projet est à souligner. Malgré sa sortie en février, la mixtape s’écoute toujours aussi bien aujourd’hui. Pour le plus grand bonheur de nos oreilles. 

  • Clip de l’année : « HIGHEST IN THE ROOM » – Travis Scott

Cette année, La Flame a fait régulièrement l’actualité avec ses nombreux projets tels que ses collaborations avec Nike, son Astroworld Festival… Cependant, il y a eu très peu de sorties musicales pour l’artiste cette année. Jusqu’au jour où le rappeur de Houston a sorti un titre très attendu par les fans, « HIGHEST IN THE ROOM ». Le clip a été sous la direction de Dave Meyers et de Travis Scott lui-même et produit par Nathan Scherrer, Randy Donaldson, Sam Lecca de la compagnie de production Freenjoy. 

En écoutant le titre, on imagine de suite le type de visuel et l’imagerie que le son propose. Une atmosphère très planante, fumesque avec un côté sombre. Pour notre plus grand plaisir, le clip est à la hauteur de ce que nous avions imaginé : une ambiance fumesque présente dès le début et tout au long du clip, des effets visuels à couper le souffle, des plans très bien pensés voire loufoques qui enchainent ensuite sur un salon de strip (car oui on est aux US, faut pas l’oublier) puis sur un Travis robotique se faisant tatouer sa cuirasse avant d’affronter un cyborg qui en voulait apparemment à la Jordan 1 Low Cactus Jack que l’artiste portait… Tout ça pour finir sur une outro à couper le souffle en parfait accord avec la chanson qui nous a mis les frissons. Bref, du début à la fin, on a réussi à plonger dans l’univers de l’artiste et du morceau et, pour nous, c’est un sans faute. On vous laisse voir le clip pour ceux qui ne l’auraient pas vu…

  • Artiste de l’année : Young Thug 

Pour ça, il suffit d’aller voir notre article consacré à l’année 2019 de l’un des plus grands artistes de la décennie juste ICI.

  • Cover de l’année : « JACKBOYS » – Cactus Jack (Travis Scott, Don Toliver, Sheck Wes, etc)

Il est arrivé à la dernière minute, le 27 Décembre et, pourtant, c’est notre cover de l’année. Harmony Korine amène une ambiance rétro légèrement inspirée de l’univers de « Testing » d’A$AP Rocky. La pochette a clairement des airs de tuning, de rallye rétro, voire de courses de voiture à l’ancienne à la Fast & Furious 2 par la présence de l’iconique Mazda RX7 FD, la magnifique BMW M3 e30 de 1998 et la légendaire Toyota Supra. Les cagoules jaunes fluo qui ressortent durant le coucher de soleil mettent également très bien avant le pilote Travis Scott et ses Jack Boys sur la route d’un prochain succès.

  • Révélation de l’année : DaBaby

Après avoir tout cassé avec son hit « Suge », DaBaby n’a cessé de nous étonner en enchaînant banger sur banger, que ce soit sur la compil’ de Quality Control avec le titre « Baby » en featuring avec Lil Baby ou encore plus récemment avec « Bop » et son clip viral en raison de sa danse avec le collectif JabbaWockeeZ (la danse a quand même été reprise par Kevin Hart et sa fille !). Cette année était un sans faute pour l’artiste, en dépit de tous les scandales qu’il y a eu auprès de lui et sa sécurité qui ont tendance à faire facilement l’usage de la violence en concert. On en attend davantage pour DaBaby l’année prochaine qui devra nous montrer qu’on a bien fait de miser sur lui !

  • Le choix de la rédac’ : Don Toliver, la nouvelle pépite de Cactus Jack

Nous avons choisi de parler de la hype croissante autour de Don Toliver et de sa possible explosion en 2020. Pour la plupart d’entre nous, nous l’avons découvert sur le morceau « Can’t Say » de Travis Scott présent sur « Astroworld » en 2018. Et nous avions été plus que surpris par cette voix étonnante mais prometteuse. Aujourd’hui, Don Toliver est signé chez Cactus Jack et, après avoir sorti quelques singles cette année, il a participé au projet « JackBoys » en collaboration avec les autres membres du label à savoir Sheck Wes, DJ Chase B et Travis Scott. Le morceau « What To Do » ou encore son entrée sur « Gang Gang » nous montre toute l’étendue de son talent.

De notre côté, on est ultra hypé par toutes les snippets et les teasers que l’artiste nous partage sur ses réseaux sociaux ! Et puis, avec Travis comme mentor, on ne se fait pas vraiment de soucis quant au développement artistique de la nouvelle pépite du label qui sera probablement bien plus qu’un rookie pour l’année 2020… Wait and see !

L'équipe 1863

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