Style capillaire et vestimentaire affûté, Seas est paré pour nous faire voyager à travers son univers. Propulsées par sa famille depuis toujours, sa passion et ses idées n’ont cessé de se développer. Il nous explique comment des rencontres peuvent changer une vie, nous dévoilant ses secrets, lui permettant aujourd’hui d’embarquer toujours plus de monde à bord. Décollage avec Quentin Alves direction la planète Seas.
GFX comme porte de sortie
Fils d’une mère voulant être graphiste, Quentin tombe dans une culture artistique et urbaine dès sa naissance. Initié très tôt à différentes dimensions artistiques, il acquiert un œil créatif qui lui permet rapidement de mettre à profit les bases enseignées par sa mère. C’est au cours de sa scolarité qu’il se rend compte de cette passion pour le graphisme et l’art visuel. Plus qu’un hobby, ces domaines lui tiennent à cœur et sont la seule chose qu’il estime savoir faire. Seas se rattache à ce qui lui plaît. Il entre alors dans un cursus de production graphique, commençant à mettre en orbite sa créativité et à s’essayer à ses premières créations.
C’est alors qu’un Big Bang fait son apparition sur le Net. Nous sommes en 2010. Sur les écrans des adolescents, on aperçoit des vidéos de scènes de guerre, souvent accompagné du fameux « Bonjour à tous, c’est Diablox9 ! », et des vidéos de logiciels précédés de l’intitulé « Speed Art », où s’enchaînent à vitesse lumière des effets graphiques. La galaxie YouTube, et tout ce qu’elle apportera, est née.
« On a tous grandi en même temps, on s’est poussés et influencés mutuellement. »
Au début, grâce à l’engouement croissant autour des jeux-vidéos et du graphisme, des personnalités et des talents rayonnent. C’est dans cette effervescence que Quentin commence à partager ses premières productions. Fasciné par les vidéos de Speed Art présentes sur la nouvelle plateforme, il décide d’en faire de même. C’est également l’arrivée des tutoriels, concept alors complètement nouveau à l’époque. Il y apprend beaucoup et se nourrit abondamment de cette culture du gaming et du graphisme, se laissant inspirer et influencer par les créateurs toujours de plus en plus nombreux.
Pour lui, cette période est particulière. Une génération YouTube commence à se profiler. Les personnalités échangent et se rencontrent autour d’une seule et même passion, la création de contenu. De 2010 à 2015, il fera notamment parti du regroupement de jeunes créateurs français les plus prolifiques d’Internet et qui, aujourd’hui encore, continuent à faire parler d’eux. Cela permet alors au jeune parisien de réaliser des rencontres qui le feront grandir et le stimuleront pour le reste de sa vie.
Un joueur, une équipe, des cracks
Ces rencontres, effectuées pour la plupart grâce à YouTube et Twitter, le font grandir et mûrir. Les bonnes personnes sont entourées de bonnes personnes, et cela, Quentin l’a bien compris. Très vite, il se crée un solide équipage. Les « cracks », comme il les appellent. Ces personnes qui tirent constamment les autres vers le haut. Ces personnalités excellant dans leur domaine, cherchant toujours à aller plus loin, et qui n’hésitent pas à donner un avis sincère. Il ne le cache pas, pour lui sa réussite est grandement dûe à ses proches.
Il grandit alors, acquérant beaucoup de nouvelles notions qu’il s’empresse par la suite de retranscrire dans son travail. Les potes, cet élément important pour pouvoir progresser dans la vie. Il aurait aimé le comprendre avant, comprendre que ce sont ces personnes qu’il est primordial d’écouter. Écouter ces gens qui vous entourent permet d’avancer, nous ne sommes pas obligés de tout prendre, il faut réfléchir, tester, mais avant tout écouter.
Perception essentielle pour un créatif ayant tendance à facilement se laisser entraîner par ses idées. Il a lui aussi, comme pour les créateurs de Rick & Morty, un duo. Quentin fait parler la créativité, lorsque Camille fait parler la réalité. C’est cet équilibre, offert par son astronaute associé, qui lui donne cette liberté de créer tout en étant canalisé.
Même moins exposé qu’à une certaine époque, il n’oublie pas les différentes personnes croisées au cours de sa vie. Ce n’est donc pas étonnant de le retrouver sur le projet Taedium de Seb, en collaboration avec Tristan, qui l’amène sur de nouveaux terrains. Cette baisse d’exposition se traduit par un changement d’état d’esprit, préférant les moments au cours d’une soirée où il peut-être en intimité afin de parler, débattre et échanger avec ses potes.
La rue, le partage et Internet
Cet attrait pour l’échange qu’il partage avec ses amis, il le partage aussi avec sa communauté, car plus que de simple client, c’est bien une communauté qu’à réussi à fédérer Seas autour de ses produits. La genèse de ce que l’on connaît aujourd’hui comme une entreprise, ne partait cependant que d’un besoin de visibilité.
« Tu amènes ce que tu vis, ce que tu ressens, et les gens prennent ou ne prennent pas, mais ça sort. »
En effet, dans le but de pouvoir promouvoir son univers autrement que par des travaux de logotypes sur YouTube, Quentin décide de se servir du textile pour téléporter son art. Il découvre le site Spreadshirt, qui permet de faire imprimer différents motifs sur des t-shirts, tout en facilitant l’impression et la logistique. Plusieurs commandes affluent, et il commence à se faire connaître davantage. C’est au lycée, que l’un de ses camarades l’interpelle sur le fait de réfléchir à collaborer avec un imprimeur, laissant à son travail l’occasion de gagner en qualité et en personnalité. Malgré ses propres réticences, il fonce. Aujourd’hui encore, ses pièces et ses collections sont imprimés chez ce même imprimeur avec qui des liens ont été tisés. Étant devenu associé, ceci lui permet d’avoir un contrôle total sur la qualité et la perfection de ses articles, chose à laquelle le jeune créateur est très attaché.
Il se donne le devoir de toujours tirer le meilleur de ce qu’il fait, de se servir des tendances et de l’actualité. La recherche, par exemple sur l’espace, lui a apporté de nouvelles idées et de nouvelles façon d’aborder les choses. Il n’est qu’un créatif qui, comme les autres, cherche à partager. Partager des histoires, des expériences, des émotions… Tout en amenant quelque chose de très personnel. Comme peut le faire Laylow avec son point de vue mélancolique dans un monde futuriste et digitale, Quentin cherche à véhiculer et faire ressentir des choses. Transmettre des capsules de ce qu’il ressent, est pour lui une mission à part entière.
« Le constat est simple.
Tu viens d’où ? T’aimes quoi ? Avec qui ?
La rue. Partager. Internet »
Issu de la génération 97’, il fait le constat que nous sommes liés à Internet, et où Google restera notre meilleur ami. Alors pourquoi faire de la publicité classique, lorsque l’on peut s’amuser entre nous ? C’est cette philosophie qu’il prône depuis plusieurs années, réalisant des opérations de street marketing ou des activations, avant même la démocratisation de ces modes de communications.
Juste du partage. Ceci est, et restera le maître-mot. C’est grâce au partage que l’on crée les meilleures idées. Il veut transmettre des émotions au public et à ceux qui suivent et encouragent son travail en les remerciant pour leur soutien. Cela a notamment été le cas lors de la partie de jeu de piste géante en plein Paris, où l’on pouvait tenter de retrouver certains de ses artefacts. Si lui-même n’a ni la prétention, ni l’objectif de les voir comme telles, ses actions marketing sont à même de faire jalouser plusieurs grandes marques mondiales.
Cosmic Voyage, la collection de la maturité
C’est avec cette volonté d’aller plus loin et de voir sur le long terme qu’il renforce l’univers de sa marque avec l’annonce de la collection Cosmic Voyage. Même si beaucoup l’ont connu grâce à cette collection et peuvent penser que Quentin ne jure que par l’espace, son style est beaucoup plus diversifié que cela.
L’espace n’est après tout qu’un thème qu’il a souhaité travailler et qui coïncide avec les tendances du moment et ses propres envies. Il est encore personnellement en expérimentation et en évolution, stimulé par le fait de constamment chercher sa patte artistique. Il est vrai que deux visions stylistiques sont connues dans l’art. Celle de peaufiner et d’arriver au top de son style, mais aussi celle qui a pour objectif, de toujours chercher et essayer de se réinventer. D’après lui, la première option nécessite beaucoup de courage, de patience et de persévérance. Mais il se considère plus comme un essayeur, un testeur avide de nouveautés.
« On est des testeurs. »
Désormais, il souhaite se détacher de ses anciennes réalisations, voulant passer un cap dans sa création. Même si des projets réalisés 4 ans auparavant sont toujours demandés aujourd’hui, stagner n’est pour lui pas la solution. Il veut à tout prix intensifier son travail.
Ce step-up, il le réalise notamment avec Human Crash Test Survivor. C’est ce drop qui lui a permis d’entrer dans les premières réflexions de collection, avec la gestion de différentes pièces textiles et une communication aboutie. Entouré d’un nouvelle équipage, il cherche de nouveaux sujets à retranscrire. Une véritable direction artistique s’est alors mise en place, tout en restant artisanale et en travaillant avec ses différentes relations comme à son habitude.
« Les évolutions vont très vite dans le domaine artistique, c’est dur de suivre, mais c’est ce qui rend ça intéressant ! »
La sortie de la collection Cosmic Voyage est l’aboutissement de ces dernières années. Elle a suscité beaucoup de travail et elle représente une grosse évolution en terme de proposition graphique de la part de Quentin. Un travail dingue, comme il le dit lui-même, où il a eu la chance de réaliser des prises de vue à l’intérieur et à l’extérieur d’une navette spatiale, mais aussi un montage photo simulant l’atmosphère d’une planète. Il ne s’arrête pas là et décide pour une partie de sa collection, de réaliser un shooting en studio visant à recréer de manière réaliste un sol spatial. C’est donc toujours en compagnie de ses cracks qu’il part à la recherche de sable blanc et de rochers, pour en remplir le studio photo.
Le photographe Erwan DEMAIS, « H4dox », lui apportera l’expérience acquise chez Shoes Up et sa vision de la mode. On y retrouve les mannequins, présents pour certains depuis Human Crash Test Survivor, qui permettent de réaliser avec amour et en famille cette collection qui restera pour lui son meilleur shooting photo.
Pour la suite de la collection, Seas nous fait part de sa recherche d’interaction avec le textile. Il souhaite encore plus se démarquer lors de ses prochaines sorties, avec des détails et une finition de qualité supérieure. Plusieurs projets promettent d’être encore plus aboutis que les précédents, en proposant des coupes et des matériaux originaux. Il ne prétend pas avoir les connaissances d’un styliste ou d’un designer, mais s’y intéresse fortement afin de proposer de la qualité. La tracksuit qu’il présente actuellement sur son site est le résultat parfait de ce genre de recherche. Les expérimentations qu’il effectue actuellement, bien qu’auparavant totalement insensées pour lui, lui offre une encore plus grande liberté créative.
« Parce que c’est la street et c’est comme ça qu’on aime faire ! »
Une nouvelle direction de marque est également en préparation, avec l’arrivée notamment d’un véritable branding. Quelque chose de différent et de peut-être plus mainstream selon ses mots, annonçant une sorte de renouveau et une portée plus grande à la marque.
Il est bien loin le temps du lycée où cartons en mains, Quentin venait livrer ses commandes. Mais à 23 ans, le jeune homme vit et ressent toujours des émotions, qu’il a besoin d’exposer et de retranscrire, livrant ainsi une partie de soi-même, lorsque quelqu’un choisit de porter ses vêtements. S’il se rend bien compte qu’il aurait pu faire les choses différemment, Seas ne regrette rien. Il continue et continuera à s’inspirer de différents univers et de sa vie quotidienne, allant chercher dans le son et les émotions, de nouvelles choses à partager.