Ateyaba, anciennement Joke, n’est plus à présenter. Rappeur incontournable de 2013 à 2015, le Pharaon s’est peu à peu effacé de la scène musicale. Pourtant, Ateyaba bénéficie encore aujourd’hui d’une très forte côte de popularité de par son style avant-gardiste. Aussi bien décrit tel un génie par ses fans ou comme un rappeur surestimé selon ses détracteurs, l’artiste montpelliérain ne laisse jamais indifférent. Cependant, depuis la sortie de son dernier EP « Delorean Music » en 2015, le rappeur est resté muet, se contentant de sortir quelques singles. Toutefois, le MC, constamment soutenu par une fanbase très solide, semble toujours traverser le temps.
L’empreinte « Joke »
C’est en début d’année 2012 que Joke commence à se faire un nom dans le milieu du rap. Dans le paysage français, Jokeezy est reconnaissable avec un style clairement novateur et unique en son genre. L’année 2013 est marquée par la sortie de nombreux albums dans la lignée de la trap «karisienne» ou du rap dit « old-school » promulgué par L’Entourage. Le rappeur du sud de la France, lui, prend à revers la hype actuelle en s’inspirant de ce qui se fait outre-manche. Il adopte alors un flow percutant et rythmé qu’il alterne avec une nonchalance mélancolique. Ses paroles et son flow contrastent souvent avec des productions aériennes et des sonorités électroniques, créant ainsi un univers musical jusqu’ici très peu développé. En dépit d’une qualité d’écriture évidente chez lui, ses textes sont très conventionnels et abordent entre autres le sexe, la drogue, l’argent et l’égo trip. Mais s’il a autant fait parler de lui, c’est aussi bien pour sa musique avant-gardiste que pour son style détonnant qui ne laisse pas son audience indifférente. L’univers d’Ateyaba se retrouve partout : dans sa musique, ses clips, ses textes et ses différents styles vestimentaires souvent glorifiés. Ses détracteurs lui reprochent d’ailleurs de miser davantage sur son esthétisme que sur sa musique.
Une chose est sûre, le Pharaon a ramené en France une patte artistique qui lui manquait. Ses nombreuses références à la culture nippone parsemées de nombreux clips au Japon sont un excellent exemple de l’avant-gardisme de Gilles sur certains sujets. Il apparaît alors comme une véritable tête d’affiche.
Une carrière surestimée ?
Joke a un talent certain et une vision du rap audacieuse qui a animé le rap français. Il a eu une influence sur ce que représentait le marché du rap à l’époque. Malgré tout, la discographie du rappeur reste maigre face à des tauliers du milieu. N’ayant plus sorti de projet depuis longtemps alors que UV prenait très largement son temps, l’impact du rappeur sudiste reste toutefois difficile à déterminer. Alors la question reste en suspens : Ateyaba a-t-il eu une influence assez forte pour avoir des « enfants » dans le rap ?
D’un point de vue stylistique, cela semble flagrant. De ses clips aux Japon à son style léché, il y a un avant et un après Joke. Les rappeurs semblent prendre la dimension de leur image et il n’y est pas pour rien. Musicalement, on peut apercevoir des similitudes entre le MC et des nouvelles têtes émergentes telles que Hamza et Kekra. De là à dire que le Pharaon soit leur principale inspiration, rien n’est moins sûr. Son influence se ressent davantage sur des artistes émergents comme Oboy qui ne parviennent pas aujourd’hui à réunir une grande communauté. Se faire une place de le rap français est difficile pour les enfants du montpelliérain.
Le contrôle
Ateyaba a maintenant une place de choix dans le rap français des années 2010. Son CV est bien garni. On y pioche des projets aboutis, la promotion des meilleurs beatmakers du moment (Ikaz Boi notamment) et un style vestimentaire propre qu’il a su exploiter dans la mode à travers plusieurs collaborations avec Nike. Toutefois, les «enfants» de Joke n’atteignent pas les sommets. Ceux qui réussissent ont plutôt tendance à s’éloigner de ce que pouvait faire l’artiste. On souhaite alors une seule chose : la sortie de son album tant attendu « Ultraviolet » pour que le Pharaon devienne enfin roi.