SPLIT, un album qui divise

Après un an et demi d’attente, et la sortie de JO$, c’est avec Split que Josman a fait son retour en mars dernier. Teasé plusieurs mois avant sa sortie, le deuxième album de sa carrière fait déjà – pour beaucoup – tâche dans sa discographie. 23 morceaux pour autant d’humeurs différentes : le concept, directement inspiré du film Split (réalisé par M. Night Shyamalan), avait tout pour séduire. La cover de Marius Gonzalez et les sons lâchés très (ou trop) tôt avant l’album, avaient pourtant eu le mérite de faire monter les attentes des fans de Josman.

©Mouv

Loin d’être exemplaire

José, de son vrai nom, le dit lui-même dans « Feu-Bi » « J’sais que j’suis loin d’être exemplaire…» et forcément, ça se ressent dans les lyrics. Le titre « Argent, Drogue et Sexe«  avec Seth Gueko, illustre à merveille les thématiques de l’album. Au fil des 23 morceaux, et à force de répétition, volutes de fumée, liasses élastiquées et string serrés se dessinent devant nos yeux. C’est justement cette omniprésence de ces thèmes qui est critiquée dans Split. Pourtant, le rappeur de 27 ans signe de vraies performances, notamment dans l’intro et l’outro où il étend une fois de plus toutes ses capacités. D’autres sons relèvent le niveau de l’album comme « Si tu savais », incroyable par son écriture, ou « À Notre Âge« , techniquement très réussi, mais aussi « BabyGirl« , fondé sur les bases d’un hit plus « commercial », comme « XS« .

Malheureusement, le trop grand nombre de titres rend l’album vite lassant dans les thèmes, comme dans la musicalité. A sa sortie, beaucoup ont critiqué la direction artistique de l’album, qui la
rapprochait plus d’une playlist ou d’une mixtape.

Eazy Dew, pétasse.

L’un des tags les plus populaires du game actuel appartient au beatmaker originaire de Paris. La volonté bien exprimée dans Split était de laisser une grande place à ses productions, seul « Bambi » étant produit par Josman lui-même). L’objectif est à moitié atteint. Les ambiances sont assez distinctes. On varie d’une première partie à l’atmosphère très sombre qui correspond bien avec l’univers de Josman, à des vibes plus ensoleillées dans une seconde partie, initiée par l’enchaînement « Lifestyle« « Fleur d’Amour« . Eazy Dew réussit à coller parfaitement avec les lyrics de son acolyte, afin de rendre certains morceaux très efficaces. Sur plusieurs titres, le beatmaker a même été aidé par Myster qui n’est autre que le petit frère de Josman. Une affaire de famille, mais à double tranchant.

Sur une seule écoute, les mélodies deviennent vite lassantes, parfois même agaçantes. La sauce a donc moins pris que sur leurs premières collaborations, comme « Dans le vide« , déjà devenu un
classique du Jos. Après de longues années à travailler ensemble, beaucoup aimeraient voir J.O.S sortir de sa zone de confort. A l’image du duo Seezy/Vald dont la symbiose commence à s’essouffler, peut-être que le natif du Cher devrait s’essayer à d’autres productions que celles d’Eazy Dew.

©cimer.paris

Les featurings : l’union fait-elle la force ?

Pour la première fois depuis Echec Positifs en 2015, le rappeur originaire de Vierzon décide de collaborer avec d’autres artistes. A l’annonce de la tracklist, les feats avec Hamza, Leto ou encore Chily faisaient déjà rêver. Malheureusement, aucun n’est vraiment à retenir. Deux artistes qui auraient pu assembler leurs univers à merveille sur « B!tch«  ne rendent finalement qu’une pâle copie d’un son de rap US. Catchy, oui, mais pas mémorable. « Bruce Wayne«  arrive à sortir du lot, en grande partie grâce au couplet abouti de Zed, tout comme « Mauvaise Humeur« , banger dont les rimes rentrent en tête dès la première écoute. Josman, fort de son identité musicale et intellectuelle, aurait peut-être mieux fait de s’abstenir en termes d’association avec les autres MC. Aucun de ces morceaux ne laisseront de lignes pérennes dans le livre du rap français, et arriveront au mieux, à vous rappeler que l’union ne fait pas nécessairement la force.

Josman l’avait annoncé, son album s’écoute selon le mood du moment. Et il est vrai qu’au fur et à mesure des écoutes, à la manière d’un bon vin, certains sons se bonifient. Difficile d’accrocher à « l’album », quand d’autres crus 2020 méritent davantage ce titre, en proposant des véritables univers singuliers, à l’image de Trinity ou Adios Bahamas. Le rappeur ne signe donc pas là son plus grand succès, mais ne perd pas pour autant toute sa fanbase, qui continue de s’identifier à son univers. Curieusement, c’est un peu comme s’il avait anticipé les critiques, dans « Feu-Bi » : « Bats les couilles, j’vis pas pour plaire, sinon j’vais me perdre. » Prochain rendez-vous à retenir pour les fans de Jos : le 10 Juillet, pour un featuring avec Lefa sur le morceau « New Level« .

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Écrit par : @Artef_

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