rappeuses en liberté

Rappeuses en liberté, le dispositif qui fait briller la relève féminine

Malgré les plus de 300 rappeuses recensées récemment et l’explosion de nouveaux talents via les réseaux sociaux, les figures féminines du rap accèdent encore difficilement aux places de premier plan. Face à ce constat, Rafe Productions, en partenariat structurant avec l’Université Paris 8 Saint Denis, a décidé de mettre en place le dispositif Rappeuses en Liberté. Avec pour objectif de valoriser les valeurs d’égalité et susciter des vocations chez les jeunes femmes.

Eesah Yasuke, l’une des trois lauréates de la première édition – Crédits : Noémie Lacote

Retour 3 ans en arrière. En 2019, Rappeuses en liberté n’était que « #Rappeuses! », une web-série destinée à mettre en avant de jeunes talents féminins. Lors d’un tournage, une artiste cite « Si je parle de sexe, on me traite de tous les noms. Si je ne le fais pas, on me dit que je ne fais pas de rap ». Cette déclaration servira de déclic pour Aymeric Pichevin, fondateur de Rappeuses en Liberté : « On s’est dit qu’il fallait aller plus loin et plus fort : il fallait un dispositif qui permettrait aux rappeuses de s’exprimer pleinement, en tant qu’artiste, et d’être mise en lumière auprès des professionnel.le.s comme du grand public. »

Dispositif d’émergence et d’accompagnement de rappeuses, cette idée consiste à sélectionner 10 artistes parmi plus de 300 candidates. Près de 3 mois de formation professionnelle avec le Studio des Variétés leur étaient accordés. Au programme : ateliers d’écriture, de chant, d’expression scénique et de structuration professionnelle, entourées de professionnels reconnus de l’industrie musicale : « Elles sont mises en avant via une couverture vidéo très large et une web-série qui nous a permis d’aller les filmer chacune dans leur ville. »

Un comité artistique 5 étoiles

Pour élaborer cette liste de lauréates et les accompagner, le jury se compose de personnalités de l’industrie musicale :

  • Nicole Schluss, manageuse notamment d’Oxmo Puccino ;
  • Zeg P, l’homme aux hits très recherché par les artistes ;
  • Leïla Sy, réalisatrice et directrice artistique de Kery James ;
  • Béatrice Bonnefoi, dirigeante de la maison de production Suther Kane Films ;
  • Pauline Raignault Ali Gabir, directrice artistique chez Red Bull et spécialiste des musiques urbaines.
  • Marie Laure Bebey, artist relation manager chez YouTube Music

Ce comité 5 étoiles s’entoure également de Fif Tobossi, référence dans le paysage rap francophone, et Aly Bass, rappeuse belge engagée, respectivement parrain et marraine du projet. Ensemble, ils mettent à leur disposition leur savoir et leur expérience afin de leur permettre de parfaire leur art, de bénéficier d’outils et d’émerger auprès du public. Un casting dont se réjouit Aymeric : « Je voudrais souligner l’implication très forte du jury, non seulement dans la sélection des rappeuses, mais dans leurs conseils précieux pour l’organisation de Rappeuses en Liberté et pour le temps qu’ils ou elles ont passé avec les artistes. »

Cependant, 3 artistes devaient être sélectionnés parmi les 10 pour bénéficier d’un accompagnement approfondi. Eesah Yasuke, Ossem et Soumeya furent les heureuses élues de cette première édition de Rappeuses en Liberté. Pour ces lauréates, la décision s’est faite sur la base de leur représentation sur scène, suite aux 3 mois de formation. L’aisance sur scène, le charisme, les textes, l’originalité, et tout simplement l’émotion qui se dégage de leurs prestations sont la clé pour le jury. Le père de Rappeuses en liberté nous précise que le choix fut difficile tant « la sélection 2021 nous a bluffés. Elles sont très différentes, toutes ultra talentueuses. Et elles ont formé un vrai groupe entre elles, jusqu’à créer toutes ensemble le single Taktik dont nous sommes tous très fiers! ». Les voix qui se sont élevées sont là pour durer et il faudra aussi suivre de près la carrière de Brö, Eline, Zorba, le duo Ebony’T, Alma Mangö, Ambrelise et Lylice.

Soumeya pour Puma et 1863 – Crédits : Noémie Lacote

Un accompagnement pour briser les chaînes

Pour faire briller cette relève, Rappeuses en liberté accompagne les 3 artistes pendant près d’un an. Et c’est dans ce cadre que le dispositif a su s’entourer de nombreux partenaires. Musicaux d’une part, avec notamment le label Believe, Tunecore pour la distribution, ou encore les studios RIFFX de la Seine Musicale et YouTube Music. D’autre part, Rappeuses en liberté bénéficie de soutiens majeurs pour raconter l’histoire des lauréates et mettre en avant leur image, un critère toujours important dans la carrière d’un.e artiste.

Parmi eux, les trois gagnantes ont la chance d’être mises en avant comme égérie Puma. Un choix cohérent et justifié par le créateur du dispositif : « L’implication de Puma dans le rap n’est plus à démontrer. Puma a été à notre écoute pendant tout le développement de Rappeuses en Liberté, a pris de nombreuses initiatives pour aider à faire connaître le dispositif et mettre en avant les rappeuses qui y participent. » Puma et le rap français, voilà une histoire qui peut durer. Après le véritable coup de force en signant un contrat avec Booba, la marque allemande poursuit sa logique de s’associer avec des rappeurs et rappeuses français. Collaborer avec Rappeuses en liberté s’inscrit donc dans cette continuité, permettant à Puma d’affirmer ses valeurs et de se positionner sur des enjeux sociétaux importants de nos jours.

Ossem pour Puma et 1863 – Crédits : Noémie Lacote

A côté, pour se faire connaître auprès d’un plus large public, Rappeuses en liberté récolte le fruit de son travail auprès des médias. L’ensemble des artistes a ainsi pu bénéficier d’une mise en avant importante dans les médias généralistes (Le Monde, Konbini, TElerama, Period) comme spécialisés rap (Mouv’, Booska-P….).

La 2e édition de Rappeuses en liberté pour le printemps 2022 ?

L’appel à candidatures pour la seconde édition de Rappeuses en liberté est prévu pour mi-avril. « La deuxième édition promet d’être au moins aussi impactante que la première, nous prévoyons bien entendu quelques surprises… Surveillez bien notre site web et nos réseaux sociaux ! » souligne Aymeric Pichevin. Quant aux critères, ils sont très simples : être majeure et résider en France. Les 10 finalistes sont sélectionnées sur la base d’une vidéo musicale et d’une vidéo de présentation. Mais Aymeric nous prévient : « Les débats ont été très animés pour la première édition, tant les candidatures ont été nombreuses ! Le choix des vidéos à nous envoyer est important, le jury est très attentif à l’énergie qui s’en dégage. »

Théo Vigezzi

Si je devais résumer ma vie en un album, ce serait My Beautiful Dark Twisted Fantasy.