On a croisé le chemin de Rad Cartier et son « RapEnChanté »

Vous aimez les sons aériens et sensuels ? 1863 vous propose d’écouter Rad Cartier, l’artiste montant du cloud rap français. Un univers rétro glitch coloré et une musique pleine de good vibes mêlant rap et chant, la recette parfaite pour se laisser emporter au-delà des nuages. On a voulu en savoir plus sur cet artiste et son univers, on est donc allé à sa rencontre pour votre plus grand plaisir.

© youtube rad cartier – surf

1863 : Salut Rad, bienvenue chez 1863, tu peux te présenter ? 

Rad Cartier : Yo l’équipe ! Je me présente Rad Cartier, j’ai 24 ans et je suis membre de La Ligne Bleue Records. 

Tu viens d’où et comment as-tu construis ton nom d’artiste ?

Je suis originaire de « La Source », c’est un quartier dans le sud d’Orléans. À la base mon premier nom d’artiste c’était « Tyrad » j’avais trouvé ça étant plus jeune. Ensuite avec le temps mon lifestyle a changé, je me suis affiné dans mes écrits ainsi que dans mon univers, il fallait donc aussi cette évolution au niveau du nom. 

Voilà pourquoi j’ai gardé le suffixe « Rad » et rajouté « Cartier », petit jeu de mot, j’ai bien aimé cette combi. Un « rat de quartier » c’est la tournure utilisée par certains individus pour désigner les gars de la street et c’est souvent mal vu. J’ai choisi de l’écrire « Cartier » car quand tu vois ça généralement ça fait penser à la marque de luxe du coup c’est beau, ça ne fait pas peur, c’est rare et même inaccessible pour certains. Voilà comment j’ai conçu mon nom d’artiste, « Rad Cartier » c’est que du love, c’est la street avant-gardiste, c’est tout moi. 

Tu as vraiment démarré avec l’EP « Prestige », avant ça, quel était ton rapport à la musique ? Quand as-tu commencé ? Tu as tout de suite fait du rap ? 

Avant l’EP « Prestige » j’avais plus la tête dans les cours. J’ai étudié les sciences du langage et la mode, donc j’avais pas le temps de sortir des trucs mais j’écrivais quand même de mon côté, dans mon coin. J’allais beaucoup chercher les dernières pépites sur SoundCloud à l’époque, j’écoutais souvent du son pendant mon temps libre.

Mes premières punchs datent du CM2, ensuite j’avais commencé à faire des prods pour pouvoir placer à mes grands frères ahah mais j’ai vite arrêté c’était trop compliqué pour moi à l’époque. Fin du collège, début lycée, j’étais dans un groupe de Rap avec des potes, on avait un petit buzz sur Orléans.

Tu as beaucoup évolué depuis tes premiers morceaux, quelles sont tes ambitions futures, comment te vois-tu dans quelques années ?

Je vous laisse voir comment je serai dans quelques années ahah en tout cas sachez que j’ai beaucoup d’ambitions futures, un tas de projets à présenter que ce soit dans la musique ou dans la sappe.

Justement, d’où te vient ce penchant pour la mode, comment as-tu construit ta direction artistique et que veux-tu transmettre à travers elle ?

Je kiffe la mode depuis petit. J’avais pas énormément de moyens à l’époque donc on faisait comme on pouvait. À toujours vouloir les dernières paires, les derniers ensembles, le portemonnaie de la daronne ne suivait pas donc obligé de faire des derniers combos à Kiabi.

Du coup j’ai toujours aimé mélanger les styles, casser cette barrière des vêtements qui serait soi-disant « destinés » pour telles personnes ou telle classe sociale…

Yo on s’en tape de ça, moi je porte ce que j’aime, ce que je veux, le regard des autres faut pas trop le calculer.

Rad Cartier

L’esthétisme et la transmission de « good vibes » se ressentent dans tes sons mais aussi dans tes clips. Quelle importance ont-ils dans ta musique ? On ressent bien cet univers aérien imagé par une ambiance rétro glitch avec des images colorées. 

C’est important que les gens captent l’univers musical et visuel, tout ça se marie avec l’énergie, l’émotion que j’apporte dans mes sons. On essaye de faire en sorte que le visuel colle à chaque fois avec le track, avec ces ambiances ça matche bien, c’est un délire que j’ai toujours kiffé.

Justement, pour que ça matche, quel est ton processus d’écriture ?

C’est simple, j’écoute la prod en boucle, ensuite l’inspiration me vient. J’aime bien m’appliquer dans mes écrits, comme vous le savez, les textes sont de plus en plus négligés dans le milieu mais cela reste toujours important pour moi. 

Qui sont tes collaborateurs les plus proches et quel rôle jouent-ils dans ta carrière ?

Tous les artistes de La Ligne Bleue Records dans un premier temps, ensuite y’a des gars comme Blasé, le crew Nyokô Bokbaë, Jwles, Johan Papaconstantino, Rowjay, Fredy Fing, Rizzy Wallace… J’apprécie toutes ces personnes autant musicalement qu’humainement, on partage la même vision, on avance ensemble.

Tu mélange beaucoup le rap et le chant, du coup tu considères dans quelle classe, rappeur ou chanteur ?

C’est vrai, j’aime beaucoup les deux. On pourrait dire que je fais du RapEnChanté ?

Je ne me classe pas dans une case en particulier, j’aime bien jongler avec les deux.

Avec ton univers aérien, tu t’inscris dans le style Cloud rap, ça signifie quoi pour toi, tu t’identifies à ce style ? 

Je ne m’identifie pas à un style musical en particulier et ça ne me dérange pas d’être associé à ce style dans le sens où j’ai plusieurs tracks qui s’y collent. Mais ça ne signifie pas grand-chose pour moi car j’aime bien tout faire.

Sur ton Instagram tu as mis le lien du clip de « All Star » de La Ligne Bleue, pourquoi ? c’est un morceau dont tu es particulièrement fier ?

J’ai mis le lien du clip « All Star » car c’était la dernière actualité. Précédemment c’était le lien de « VT ZOOM IV » sorti un mois plus tôt. Je suis fier de la compilation qu’on a pu réaliser, on bosse bien ensemble, il y a une bonne alchimie dans le groupe et je pense que tout ça se ressent dans nos morceaux. 

© youtube La Ligne Bleue – All Star

Justement, tu fais partie du collectif de La Ligne Bleue Records, peux-tu nous le présenter et nous dire ce que ça t’apporte ? 

La Ligne Bleue Records c’est un label parisien qui a été créé par Jeune Faune et Manast LL’ en fin 2017, début 2018, ils sont aussi membres actifs du label en tant que directeur artistique musicale et artistes. Ce collectif est composé d’autres artistes comme (Ceddy, DOR et moi-même) de beatmakers (528ron, Astrolabe Musique) et enfin Joss notre ingénieur du son. 

Dans un premier temps les membres du collectif sont mes amis, ensuite je dirais que ça m’apporte un certain professionnalisme et de l’expérience car on est tous différents avec de multiples influences, le fait de tout mélanger lorsqu’on bosse ensemble je trouve ça magique. « Closer 2 U » était le premier extrait de la Compilation « Bleue Vol 2.0 » sortie en Mars 2020.

Dans tes morceaux, tu es beaucoup dans l’émotion, la sensualité, te considères-tu comme un « lover » ?

J’aime bien parler d’émotions et de sensualité dans mes sons mais je ne me considère pas pour autant comme un lover, j’suis pas assez RnB pour être considéré comme tel ahah.

Ça t’étonne si je te dis que tu m’as un peu fait penser à Jok’Air ?

Non c’est pas la première fois qu’on me dit ça. Je t’avoue que j’ai jamais vraiment écouté ce qu’il faisait mais il semble faire de la bonne musique.

Plusieurs fois tu utilises l’expression « 45ème ciel » à la place du 7ème, tu as même un morceau portant ce titre, pourquoi le 45 ?

Le 45 c’est un clin d’œil à la maison. Je viens d’Orléans (45) c’est une des seules villes que j’ai ridé, traversé de fond en comble, il ne faut pas oublier d’où l’on vient. « 45ème Ciel » est non pas le 7ème car dans un premier temps bébé doit comprendre que je ne suis pas comme les autres et c’est encore une dédicace à ma ville d’origine pour la pousser au plus haut. Orléans est une ville gorgée de talents.

Dans « Surf » tu écris « On vous effrayait maintenant tout le monde s’inspire de la cité », tu peux développer ?

Bien vu ! Je dis ça car à la base notre société critique et délaisse nos quartiers.

Et aujourd’hui le Rap est le style musical le plus écouté au monde. On peut voir des marques de hautes coutures s’inspirer de la cité également, même au niveau du langage. On peut voir cette phrase comme les conséquences, l’évolution des choses. 

© youtube rad cartier – 45e ciel

Tu dis aussi « regarde mes frères vivre d’amour propre et d’amour sale », c’est quoi l’amour propre et l’amour sale ?

« Amour propre, Amour sale » veut dire « Argent propre, Argent sale ».

Cette phrase c’est un clin d’œil à tous les frères et sœurs qui font cet argent ! Que ce soit légalement ou illégalement, j’ai des frérots qui sont droits dans la vie et d’autres qui préfèrent faire des dingueries.

Il y en a qui aiment vivre sainement et d’autres qui aiment prendre des risques, au final ça reste que du love.

Dans « Douceur matinale » on dirait que t’es tombé in love, au-delà de parler de sexe tu pensais à te poser en écrivant ce son ?

Je pense qu’on a tous connu ces petites histoires d’amour éphémères, tu sais le temps d’un été. Effectivement j’avais rencontré une fille que j’appréciais beaucoup, je me serais bien posé avec elle à l’époque mais c’était compliqué : on n’habitait pas la même ville et on était souvent pris par nos activités personnelles. Avec le temps, ça ne fonctionnait plus. 

« Indigo », en collaboration avec La Ligne Bleue, tu apparais mélancolique et parle de rupture, pourquoi c’est le seul morceau de ce type auquel tu as participé ? dur de parler de sentiments qui déchirent ?

Le morceau« Indigo » on l’a créé un soir où on était tous au studio. 528ron a lancé la prod, DOR a commencé à trouver le refrain « je n’veux plus te voir je n’peux plus te voir » du coup on est tous partis sur des histoires de rupture plus ou moins sombres. Ça fait du bien de pouvoir parler, s’exprimer en chanson. Personnellement je ne trouve pas ça dur au contraire, j’aime ça. 

« Assidue dans ma quête je compte les conquêtes » « VT ZOOM » – Tu réalises une série de morceaux, de « VT ZOOM » à « VT ZOMM IV », doit-on prendre ça comme un récap de ta carrière professionnelle et amoureuse ? Les sons se suivent-ils ?

« VT ZOOM » c’est une série de morceaux pour annoncer mon prochain projet : « VISIONTHERMIQUE » (VT). C’est une sorte d’immersion dans ma vision, les prémices avant l’accès total. Les sons ne se suivent pas, c’est des flow différents, des vibes différentes, j’aime bien toucher à tout explorer de nouveaux terrains, ça suit avec le projet.

© youtube rad cartier – VT ZOOM IV

Tu écoutes qui en ce moment, quels artistes t’inspirent ? Un coup de cœur à nous faire découvrir ?

En ce moment j’écoute le dernier projet de mon reuf Blasé en collab avec plusieurs artistes américains et des français (Jwles, Le lij et Ayodele) « Spin The Globe » c’est vraiment chaud, grosse connexion. J’ai bien kiffé aussi le dernier EP « 55 degrés » des frérots Nyokô Bokbaë ça change de ce qui se fait actuellement, c’est dope. Après y’a la Queen Lala &ce qui vient de drop un single « Butterfly Finesse (Boogie Mane) » cette track met dans un vrai mood. Le dernier Manast LL’ « Past Midnight » feat. G Perico est foudroyant !

Enfin pour terminer un gars que j’ai découvert y’a pas longtemps qui s’appelle Petit Maudit c’est très chaud aussi !

L’interview touche à sa fin, tu as envie d’ajouter quelque chose ou d’aborder un sujet qui te tient à cœur ?

Juste envoyer un petit message de force à tous, on est confinés en ce moment et je sais que c’est très difficile pour certains, mais restons forts et restons chez nous pour le bien de tous.

© spotify rad cartier

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