Monsieur Nov donne un second souffle au RnB en France

Vous ne le connaissez peut-être pas. Pourtant, Monsieur Nov est loin d’en être à son coup d’essai. À 34 ans et après trois années d’absence depuis son dernier projet, l’auteur de Groove Therapy ramène ses vibes RnB en 2020, avec EVO3 OR. La voix envoûtante de l’artiste sait accrocher les férus du style, autant que ceux attirés par de nouvelles sonorités.  

Nov à ses débuts

Avec son nouveau projet, EVO3 OR, Monsieur Nov signe le meilleur démarrage de sa carrière, caractérisé par plus d’un million de streams en moins d’une semaine. À cette occasion, Nov a accepté de parler de son projet, de l’évolution du paysage musical actuel, ainsi que de son avis sur l’avenir du RnB. Il insiste tout de même : « Ma musique parle d’elle-même. Je veux que le lien se fasse à travers ce que je propose artistiquement. »

Evolution…

Du Cabaret Sauvage à La Cigale, en passant par Le Bataclan, Monsieur Nov a déjà rempli des salles et accumulé une certaine expérience durant sa carrière musicale. Mais les sonorités évoluent, et le RnB d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui. EVO3 OR marque une étape supplémentaire dans les changements qu’a connu sa musique, et son processus de création. En 2015, il sort le premier EP – de ce qui est maintenant devenue une trilogie – intitulé Evo 1. Evo pour Evolution. C’est le point de départ du “nouveau” Monsieur Nov.

À l’époque, la trap est reine et les mélodies sont oubliées. Certaines sonorités sont délaissées par la majorité et la transition entre ancienne et nouvelle vague se forme petit à petit. Celui qui n’a rien d’un débutant se rappelle cette mutation : « J’ai vu bcp d’artistes apeurés de prendre ce chemin-là. » À la question « pourquoi étaient-ils apeurés ? », il répond : « Beaucoup étaient otages de leur public. Ils t’ont été fidèles, donc tu ne veux pas et tu ne peux pas les lâcher en changeant ta musique. » Mais Monsieur Nov a, lui, décidé de se lancer.

…Révolution

« Ce que mon public aime dans ma musique, c’est ma voix. » Et on les comprend. La voix de Monsieur Nov glisse sur les mélodies. Elle est omniprésente, et c’est une réussite. Sur ses réseaux sociaux, beaucoup de ses fans de longue date vantent les qualités du chanteur. Comme quoi, on peut réussir à changer sa musique tout en gardant un public fidèle. Car sa musique a (vraiment) beaucoup évolué. Et tout cela s’est fait naturellement. Il l’explique lui-même : « L’axe principal quand je produis, c’est ma voix. Je bosse de manière à la sublimer grâce aux instrumentales. » Ce qui l’a amené, logiquement, à se concentrer sur des sons plus sentimentaux, forts d’émotions, que son timbre sait retransmettre.

Nov dans son dernier clip, « Labo »

« Un mec qui chante, c’était directement classé dans la catégorie « musique de meuf. Aujourd’hui, on voit que ça change »

Faire du RnB en 2020

Souvent imité, mais jamais égalé. Le style « RnB », tel qu’on l’entend, a longtemps souffert de sa propre image, parfois clichée. La scène actuelle évolue, et laisse plus de place à ce genre, aujourd’hui revisité. Ce qui n’empêche pas Monsieur Nov de continuer à faire ce dans quoi il est le plus à l’aise. « Avec Evo 1 et 2, j’ai essayé de faire connaître ce format à un nouveau public. Mais j’ai vite compris qu’il fallait que je reste dans ma niche, plutôt que de partir à la conquête des autres. » Avec EVO 3, l’artiste se livre beaucoup plus, dévoilant ses joies et ses malheurs. Il travaille presque tout le temps seul, contrairement à ses anciens projets, où il collaborait avec d’autres producteurs, comme Zeg-P notamment.

Un choix de musicalités qu’il considérait impossible il y a quelques années : « Le public avait un problème avec l’image du rap. Un mec qui chante, c’était directement classé dans la catégorie « musique de meuf. Aujourd’hui, on voit que ça change. » Les toplines sont partout et un nouveau type d’artistes (Luidji, Tayc, Spider Zed…) trouve son public. C’est aussi parce que des plus grosses têtes l’ont également tenté : « Tous les gros titres qui passent en boucle en radio sont chantés. C’est rentré dans la conscience collective. Tu peux autant kiffer écouter Hamza qui kick sur une prod très trap, que Hamza qui s’amuse à chanter et à jouer avec l’autotune. » argumente-t-il.

Son propre label

Même s’il a déjà dépassé la trentaine, Nov veut se projeter sur le long terme. L’année dernière, après avoir quitté son ancien label, il décide de monter le sien : Vibe Labo. Il donne les raisons de cette décision : « C’est important de pouvoir gérer mon truc de A à Z. Je fais ce que j’aime, de la manière dont je le veux. Cet album c’est moi. » En signant le meilleur démarrage de sa carrière (qu’il a débutée en 2008), il prouve que le RnB a de l’avenir devant lui, même si les radios ne le diffusent pas forcément. Il nous raconte : « Quand j’étais sur la création du projet, je ne pensais pas radio. Je sais qu’en changeant le kick, ou la basse, j’aurais beaucoup plus de chances d’être programmé. Mais je voulais que ma musique me ressemble. »

Les influences et les sonorités changent. Ce qui était vrai il y a dix ans ne l’est plus aujourd’hui. C’est pourquoi l’artiste croit en l’avenir de sa musique. « C’est aux artistes de changer et d’apporter de nouvelles propositions. La musique évolue, oui, mais l’essence du RnB reste la même. Avec mon label je veux permettre à ceux qui innovent de s’exprimer et de sortir des projets. Je pense vraiment qu’il y a moyen de se faire une place. »

Pour aller plus loin, découvrez La Fève, portrait d’un prodige du rap français.

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