La recette du hit facile

Selon Genius, en 2010, seulement 64 projets rap ont vu le jour, contre plus de 400 les années suivantes. Le rap attire et tout le monde veut s’y essayer, avec plus ou moins de succès. C’est pourquoi, aujourd’hui, on vous propose LA recette pour créer un hit. Après ça, vous serez riche, célèbre et vous aurez votre place dans la playlist Pop Urbaine de Spotify.

1. La musique, c’est mieux à deux.

Pourquoi être seul quand on peut être (mal) accompagné ? Pour un hit, qui explose les charts mais qui fait vomir les puristes, il vaut mieux être deux. Et cela, même si ce n’est pas justifié, à deux on est plus forts. Si vous en doutez, suffit de regarder les scores de « Moulaga », « Dans l’espace » ou « Ne reviens pas ». Donc ne vous posez pas de question, et contactez Gambi ou Heuss. Avec un peu de chance, ils vous répondront et ce sera déjà un grand pas pour se rapprocher des liasses et des groupies.

2. Parle de toi, mais surtout des autres.

L’ego-trip est un classique du rap. Il occupe une place centrale dans l’histoire de la musique. Parler de soi, c’est la clé dans le rap. Il faut imaginer le rap-game comme une immense arène où écraser son ennemi est parfois plus important que la qualité intrinsèque du morceau. Il faut s’adorer, vouer un culte à ta propre personnalité même si humainement t’es pas top et que ta meuf ou ton mec t’a trompé. Ça, ne le dis surtout pas. Tu es meilleur que tous ces MC, ne l’oublie pas. Et, avec un peu de chance, à force de dire que tu es meilleur que les autres, tu pourras partir au clash.

3. Quand tu parles pas de toi, parles aux autres.

Le clash, c’est le nerf de la guerre. Pour faire une bonne promo, il faut du buzz. Et pour du buzz, il faut se salir les mains. Prépare tes meilleurs montages et poste-les en story. Maintenant que Booba n’est plus sur Instagram, il y a une place à prendre. Le secret dans le clash, c’est le culot. Insulte n’importe qui, même s’il est plus fort, plus connu et plus beau que toi. N’oublie pas : on est là pour percer. Tout buzz est bon à prendre, même le mauvais !

4. Rebondis sur l’actualité

On veux faire un hit, pas un classique. Alors ne me parle pas d’intemporel ici, on veut un buzz instantané ! Pour ça, c’est simple. Il faut parler aux gens. Hop hop hop, t’allumes BFM, tu prends 2/3 notes et commence à réfléchir à des punchlines. On te propose : « personne manque de couilles dans mon équipe, on a le cojones-virus » ou « J’fais du buzz, tu me vois sur toutes les chaines comme Macron ». N’oublie pas d’en placer une pour nous :).

5. Plage, soleil et Malaga

En été, les oreilles se relâchent, on est moins exigeant sur la musique quand on est dans piscine que lorsqu’on est seul dans sa chambre. Alors, il faudra sortir ton morceau aux prémices de l’été. Le soleil réchauffera les cœurs et ton compte en banque. Mais pour ça, il faut donner une ambiance latine à ton morceau. Pour ça c’est très simple : tape « ville Espagne » dans Google, chopes-en 2 ou 3, et dédicaces-les dans le morceau. Exemple : « J’roule mon teh à Malaga, fin de soirée à Sevilla ». Cela peut fonctionner avec les villes mexicaines ou encore brésiliennes. « J’contrôle la zone à Mexico, comme au five j’te mets le sombrero ».

6. Dédicace tes séries préférées

Ce n’est pas parce qu’on fait du son qu’on n’a pas de culture. Profites-en pour montrer que tu aimes bien Netflix and Chill de temps en temps. Je te déconseille d’en placer une pour la série Plan Coeur, vrai bonhomme regarde The Wire, La Casa de Papel ou Peaky Blinders. Il faut que tu sois prêt à citer chaque personnage de ces séries. Ce sont des rimes faciles qui peuvent te sortir d’un alexandrin un peu alambiqué. Evidemment, Game Of Thrones ou The Walking Dead peuvent être utilisés, l’essentiel c’est de dédicacer des voyous pas des persos qui meurent au deuxième épisode.

7. Le clip c’est cool, mais bon

Ce n’est pas du tout une priorité, ton clip doit être simple et efficace. Pour ça, il te faut une bande de copains et de copines, deux trois bouteilles (mets le prix, ne fais pas le radin) et un peu de fumée. On rajoutera un peu de néons, et ça suffira. Le message est clair : notre musique elle s’écoute, elle ne se regarde pas. La direction artistique ? On se torche avec, on veut faire bouger les boites en été, pas décrocher le césar du meilleur court métrage.

8. Fais chauffer la carte bleue

Tu es naïf si tu crois que le buzz ne se contrôle pas. Le destin, ça se provoque, et pour ça, on a une solution : acheter des streams. Le succès attire le succès, les gens aiment les morceaux qui marchent pas les bons morceaux. Il faut du chiffre, et je te le dis direct, avec tout ce qu’on t’a dis, on prend 20%. Si on t’accuse de manipuler les scores, fait comme Apash, met la poussière sous le tapis et nie tout en bloc, ils ont pas de preuves !

Avec ça, si tu nous ponds pas un tube, c’est que tu y a mis de la mauvaise volonté. On se dédouane de tout harcèlement envers ta personne sur Twitter en cas de succès.

Valentin Basset

Je passe le salam à ceux qui donne la cefor pour pas lâcher