La collab’, une mode américaine

Il y a 3 semaines, Niska a publié une story sur Snapchat où il évoque une collaboration avec son collègue Ninho. Rien de bien de surprenant jusque-là, mais on parle ici d’un album en commun, pas d’un simple featuring perdu au milieu d’un projet. Et là ça devient intéressant. En France, cette culture de la collab’ est bien moins développée qu’Outre-Atlantique. C’est ce que certains reprochent d’ailleurs au rap francophone, ce manque d’ouverture qui nous prive d’une infinité de combinaisons incroyables.

La mystérieuse story Snapchat posté par Niska début Octobre

Par le passé, on avait eu droit à quelques collaborations plus ou moins discrètes. Nekfeu et Alpha Wann nous avaient notamment gratifié d’un projet de 9 sons en 2011. Sur le joliment nommé « En Sous-Marin », les deux membres de l’Entourage n’avaient pas déçu et avaient répondu présents face aux attentes. Quelques temps avant, Zekwe Ramos, Alkpote et Seth Gueko sortaient « Néochrome Hall Stars », célèbre album qui avait marqué sa période à sa manière, même si le succès n’a pas forcément suivi. Du côté de Marseille, Soprano et REDK sortent « E=2MC’s » en 2012. Ce projet reste l’un des albums en collaboration les plus connus en France.

Alkpote, Seth Gueko et Zekwe Ramos lors d’une de leur collaboration

Mais tout ça ne vous dit peut être pas grand-chose, car les projets communs sont bien trop rares dans l’hexagone. Le problème découle peut-être d’une bataille d’égos au sein du rap-game. Chacun voulant asseoir sa place, s’associer serait prendre le risque d’être dans l’ombre de l’autre MC. Personne n’est à l’abri de se faire crime-time sur Twitter s’il se fait complètement dépasser par l’autre rappeur sur tout l’album. Alors oui, ils sont sûrement un peu frileux nos rappeurs francophones.

Et ça, on ne peut pas le reprocher au rap américain. Les pro-US seront heureux d’entendre nos cousins américains se faire encenser. En 2011, Jay-Z et Kanye West s’associent pour sortir « Watch The Throne », featuring ambutieux entre deux légendes vivantes de la culture américaine. Future et Drake ont eux aussi collaboré le temps d’une mixtape, « What A Time To Be Alive », il y a quelques années. Imaginons quelques secondes un album commun entre Kaaris et Booba (quand Kaaris faisait encore du rap). Oui, ça fait son petit effet.

Comment parler de collaboration musicales sans évoquer le duo Kanye West ft. Kid Cudi, qui en dehors du légendaire « Father Stretch My Hands Pt. 1 » , se sont unis autour du complexe « Kids See Ghosts ». Récemment, les deux amis ont d’ailleurs annoncé vouloir produire une suite au projet, sorti l’année dernière. L’album à l’univers graphique dirigé par Takashi Murakami était très attendu, tant il s’est imposé révélateur des deux états d’esprits du duo. On pourrait en citer d’autres : 21 Savage, Offset & Metro Boomin sur « Without Warning », Juice Wrld & Future sur « Wrld on Drugs » ou prochainement Young Thug, Lil Baby, Gunna & Future sur le crossover ultime d’Atlanta, « Super Slimey 2 ».

Outre-Atlantique, c’est l’entertainement qui prime. La street cred’ est bien réelle, et l’idée qu’elle s’estompe ne traverse même pas la tête des artistes. Manque d’ambition française ou alors réelle supériorité des américains ? La réponse reste en suspens pour ceux qui ne croient pas en l’évolution. Depuis toujours, les francophones ont su s’inspirer de nos cousins amerloques, nous sommes alors sans crainte quant à l’éventualité que la mode de la collab’ dépasse le feat et conquière nos projets préférés.

Valentin Basset

Je passe le salam à ceux qui donne la cefor pour pas lâcher