Le rap a bien évolué, il ne suffit plus d’être technique et d’avoir un vécu pour être un grand artiste. La versatilité, voilà ce qu’on cherche désormais. Un talent qui va d’ailleurs au-delà de la musique. L’artiste est plus qu’interprète, c’est toute une personnalité. Ça tombe, bien Jok’air combine toutes ces qualités. Pourtant, quand on me parle de cet artiste, je suis déçu, déçu quand je vois ce qu’advient sa carrière, souvent déçu de sa musique. Analyse d’un des plus gros talents de la scène urbaine française.
Pourquoi Jok’air se doit de devenir un grand artiste ?
Jok’air est un de mes artistes favoris. Ses qualités sont nombreuses et différentes. Quand on pense à sa musique, on pense à sa voix, sûrement une des plus belles du rap français. Une voix qu’il travaille et utilise à la perfection. En plus de son timbre, Jok’air dispose d’un réel fond artistique, des textes forts en émotion et des thématiques sociétales importantes. Le rappeur maîtrise l’art le plus important de la musique : transmettre des émotions. Selon moi, il est l’artiste qu’on devrait inviter en featuring sur chaque projet, il devrait être le premier choix lorsqu’on parle d’émotion et de chant.
Mais alors, où est le problème ? Pourquoi l’ivoirien n’inonde pas nos playlists ?
Où est passé Big Daddy ?
Melvin Félix est talentueux, ultra talentueux. Pourtant, sa carrière ne décolle pas. Rappeur depuis presque toujours, « leader » de la MZ, auteur de 6 projets solo , il a le CV d’un briscard. Pour finalement très peu de reconnaissance. On vous arrête tout de suite, les chiffres ne nous intéressent pas. Mais la carrière de Big Daddy Jok semble plus proche d’un Ben Arfa que de Karim Benzema.
Il ne sert à rien de faire la chasse au bon goût. Mais on peut se demander légitimement si Jok’air n’a pas cédé au chant des sirènes. Des projets de plus en plus longs, adaptés au streaming, des singles de plus en plus « radio-compatibles », et sa présence dans des émissions non musicales m’ont fait quitter le navire. L’auditeur de « Big Daddy » a du mal à se retrouver dans « Las Vegas » ou dans un projet bâclé tous les 6 mois.
Oui, mon avis importe peu, et s’il n’y avait que moi, je n’écrirais sûrement pas cet article. Mais, nous sommes de plus en plus à penser que Jok’air gâche son potentiel. Il ne donne ni l’impression de progresser, ni de gagner en visibilité, son image s’est même dégradée. Sa communication est mauvaise, mal maîtrisée, malgré de bonnes idées.
Big Daddy n’est pas mort
Rassurez-vous, tout n’est pas perdu, loin de là. On sent que Jok’air a parfois du mal à tenir un album solo, « éduqué » par la musique faite en groupe. La lumière se trouve sur ses featurings. Yseult, Hatik, Sadek, Myth Syzer, et bien d’autres lui ont offert des morceaux d’exception. Peut-être par le fait que Jok’air faisait de la musique comme il l’entendait et non par le prisme de sa néo-fan base, peut-être par des bons choix de direction artistique, toujours est il que le chanteur excelle depuis 3 ans en featuring.
Je vous imagine déjà derrière votre écran, « pourquoi n’as-tu pas parlé de Laylow ? » La connexion Laylow/Jok’air équivaut au duo Pitt/Caprio, les compères méritent plus qu’une collaboration tous les 4 ans. Jok’air a du mal à se construire dans un album solo tandis que son compère Laylow y excelle. Plus qu’une simple collaboration, un album commun entre les deux artistes semble être une évidence.
Il n’est pas trop tard pour devenir un artiste d’exception. Tu as les qualités pour, à toi maintenant de concrétiser ton talent pour nous sortir l’album qu’on attend tous. Tous les fans de Jok’air de la première heure rêvent d’un format de 12/14 morceaux avec des featurings de qualité et une vraie préparation. Alors, s’il te plaît Jok’air, fais-nous rêver.