99 Grand Casino Meel B S&S

99, Wolfkid et Meel B, ou comment produire sa vision

L’été, cette période ensoleillée où l’on décroche petit à petit de la réalité. Cette période où l’on prend deux pas en arrière pour mieux sauter après. Une période de lâché prise dans la musique où seule des albums et morceaux privilégiés nous suivent tel un bronzage à l’aide de la crème Nivea Sun (cet article est bien sponsorisé). Pour ma part, août a été marqué par deux visions pas si différentes. Une partie de ma journée se passait dans le Grand Casino de 99 et Wolfkid, Rusty Ryan en moins, et l’autre dans la boite disco de Meel B, le célèbre S&S. Des moments toujours agréables qui s’expliquaient par une chose : la vision des artistes.

cover by @stellaarmani

Chefs d’orchestre

On critique souvent les producteurs français et leur manque d’originalité. Reste à savoir si ça provient du producteur ou si le rappeur est dénué d’audace. Il n’empêche qu’il soit toujours possible de trouver des profils intéressants qui sortent du lot. Également, et ce n’est pas nouveau, des producteurs ont l’immense intelligence de créer leur propre chemin. Ils délaissent leurs habits de sixième homme pour devenir un franchise player (ou joueur de concession en français, mais ça le fait moins). 99Wolfkid et Meel B ont ainsi su imposer leur style musical afin de sortir les artistes de leur confort. Juste pour ça, on ne peut qu’applaudir. Véritable highlight estival, Grand Casino fait penser au regroupement d’artistes à l’ancienne où chacun vient épauler les deux compères dans la création d’une œuvre importante et unificatrice. S&S prouve quant à lui qu’un EP peut avoir une couleur significative avec seulement quatre morceaux et qu’une bonne direction artistique ne se limite pas au format album. Mes deux accompagnateurs de l’été ont su trouver un équilibre parfait. Ce n’est pas un single que j’écoute, mais bien 99 et Wolfkid qui s’illustrent tels des chefs d’orchestre.

cover by @kaypllaje

Un soleil différent 

Si l’article a comme vocation de vanter les mérites de la direction artistique ainsi que l’envie d’imposer sa patte, n’oublions pas le plus important : la musique. D’abord, les deux producteurs ont réalisé un casino géant. On peut venir s’amuser avec Slimka et Khali à la table de poker sur « All In », sombrer à la roulette avec J9ueve ou devenir riche aux côtés de SONBEST sur « Fall In Luv ». L’objectif est clair : pouvoir s’amuser sur n’importe quel titre en trouvant sa spécificité tout en restant dans une thématique globale. Le pari est totalement réussi et les collaborations sont bien entendu intéressantes. On notera la collab suisso-marocaine ou encore le hit de l’été « Sun Goes Down », un cocktail mielleux surprenant servi par Lala &ce, La Fève et Oniisha. 99 et Wolfkid ont su également sortir des interprètes comme Wit. de leur zone habituelle et juste pour ça, on applaudit. Les deux compères ont donné de la couleur à des artistes à l’univers parfois grisonnant et qui pouvait commencer à stagner. 

99
Photo : Luna Durel
Wolfkid
Photo : @_lebaum

Du côté de Meel B, c’est le même son de cloche. On n’écoute non pas un morceau de La Fève, Khali ou Zinée, mais un morceau de Meel B accompagnée des trois protagonistes. La prod de « Boogie » se place parmi les meilleures de l’année et on prend évidemment notre petite claque. Sur ce projet, sa musique possède un côté ensoleillé, mais ça serait réducteur d’en parler uniquement avec ces termes. Ses productions sonnent différentes, notamment grâce à l’utilisation de ces basses caractéristiques. On peut aussi bien kicker que danser sur ces morceaux, une sorte de fusion entre Mohamed Ali et Kelly Slater. Notez bien son nom et regardez les crédits des morceaux de la nouvelle génération, vous allez sûrement retrouver Meel b sur votre prochain morceau préféré.

L’idée de cet article n’était pas d’en faire un reportage de fond. Les trois artistes ont encore beaucoup de travail et ne sont qu’aux prémices d’une belle carrière. Il est juste agréable de noter que les beatmakers français ne sont pas uniquement des vaches à qui on veut extraire du lait pour faire la même recette. Au même titre qu’un interprète, un producteur est également un artiste et sa vision est au minimum aussi intéressante. En espérant plus de projets de la sorte dans les mois et années à venir.

Pour aller plus loin, explorez l’univers de Zinée dans son dernier projet, Cobalt.

Noé Grieneisen

Lala &ce mérite une carrière à la France Gall.